Moniales Dominicaines de Dax
Contemplata aliis tradere

Homélie du 11 février 2024

Fr Benoît Vandetputte op

Il y a fort à parier que la plupart d’entre nous ont vu le film BEN HUR.

En faisant un effort, nous pourrons nous souvenir de ce moment vers la fin. Le prince Juda Ben Hur est de retour à Jérusalem. Adopté par un patricien romain, Quintus Arius, dont il a sauvé la vie sur les galères, il est revenu par la grande porte. Il vient de gagner la grande course de char et de recueillir le dernier souffle de son ami Messala.

Sur son lit de mort, Messala lui a révélé, ultime vengeance ou remord sincère, que celles qu’il avait fait arrêter, Myraim, sa mère, et Tirza, sa soeur sont vivantes. Ben Hur retrouve Esther, la servante… Elle lui avoue que oui, elles sont bien vivantes.

Mais comme mortes

Car elles vivent dans vallée des lépreux. Son visage se glace, la musique devient dramatique. Cela n’en finira donc jamais, cette mort qui semble l’entourer depuis le jour funeste de l’entrée de Ponce Pilate dans la Ville sainte.

C’est la mort de Jésus qui guérira les siens. L’Évangile de Matthieu ne raconte-t-il pas comment le rideau du Temple se déchira en deux de haut en bas, comment trembla la terre et comment s’ouvrirent de nombreux tombeaux ?

C’est de cela dont il est question dans la Parole de Dieu aujourd’hui. Elle nous raconte deux histoires qui ont une conséquence.

La première histoire est celle de la maladie avec un grand M ; pas la migraine passagère ni la vieille douleur avec laquelle on a appris à vivre. Mais la maladie terrible qui vous isole – parce que personne ne peut comprendre et partager votre souffrance car les vraies souffrances sont solitaires. Et dont on se prémunit. Car il y a un devoir de protection du groupe.

Est-il question d’autre chose quand une société s’interroge par son premier magistrat sur un chemin possible vers l’aide à mourir qu’on n’appellera pas -bien sûr- suicide assisté ?

Ou devoir de protection de tous. Avons-nous fait autrement lors de l‘épidémie du Covid ?

Ces enjeux humains sont primordiaux…

Seconde histoire.

Plus loin de nous, encore que… Les dimensions religieuses et morales de la Parole de Dieu aujourd’hui.

Car plus que de maladie, c’est d’impureté dont il est question aujourd’hui -et donc de privation, non seulement de vie sociale mais aussi de vie cultuelle. Le passage du Lévitique -toujours en vigueur à l’époque de Jésus est très clair sur le sujet. C’est moins parce qu’il est malade que parce qu’il est impur que notre homme pose problème.

Le texte revient quatre fois dessus. Le lépreux ne devrait pas s‘approcher de Jésus et Jésus ne devrait pas le laisser s’approcher. Comme hier avec la multiplication des pains, Jésus est touché…par la compassion ; et elle le fait agir.

Et si Jésus le renvoie vers les prêtres, c’est pour que ceux-ci le réintègrent en le déclarant désormais pur !

Nos sociétés sont-elles si libres de ces maladies qui, dans notre histoire récente, ont pu nous faire peur au point de nous incliner à tourner la tête ailleurs, sinon à juger ?

Deux histoires et une conséquence disions-nous…

Il est des maladies ou des tragédies qui ne connaissent de rédemption que dans la compassion et le miracle.

Bien sûr, tout doit être fait pour aider, soigner, soulager. S’il n’existe aucune obligation de résultat en la matière, il y a bel et bien une obligation de soin.

Pour autant…l’amour est autre chose.

Sans doute avez-vous été sollicité lors de vos courses de Noël, ou quotidiennes ! C’est le moment de passer à la caisse. On vous demande si vous voulez arrondir la facture : C’est pour aider….

Pourquoi pas.

François d’Assise, lui, embrassa le lépreux.

Visage extrême de compassion qui n’est pas à la portée de tous.

Mais modèle de compassion et miracle d’humanité qui peut inspirante pour chacun d’entre nous. Car enfin, la première chose que fait Jésus dans l’évangile, N’est-ce pas de laisser l’impur s’approcher ?                                      Amen

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